Il ne suffit pas d'avoir envie, il faut se donner les moyens !
Plus jeune, j'avais l’habitude de compter les choses.
A l'école, pendant les cours, je comptais les moineaux dans la cours de récréation, la voix des professeurs n'était qu'une mélodie pour moi.
Encore aujourd'hui, les voix de certains interlocuteurs ennuyeux me servent de tapis volant. Ma tête c'est mon atelier, mon refuge, j'y passe une grande partie de mes journées.
Quand je travaillais sur les chantiers avec mes oncles, je comptais les marches des escaliers, les étages, tout ce qui me tombait sous les yeux.
Le midi, en guise de table, on installait une plaque de placoplatre sur deux tréteaux.
La fourchette dans une main et l'espoir au bout d’un gros crayon rouge de chantier dans l'autre, je noircissais de musique ce grand tableau improvisé.
Je perfectionnais le rythme et le solfège.
Le travail pénible du chantier me motivait davantage à travailler la musique.
Je préparais ma sortie, mon évasion, encouragé par la voix douce et rassurante de ma maman qui me disait toujours :
un jour tu y arriveras, je le sais.
Dans tous les appartements des bâtiments gris et tristes, on trouvait des notes de musiques sur les plafonds, des mélodies sur les murs, ça m'amusait beaucoup de laisser des traces dans ces cellules sans barreaux aux fenêtres.
Je détestais faire ce travail qui n'avait aucun sens pour moi.